mercredi 21 novembre 2007

Stefan Zweig

On acclame souvent Stefan Zweig pour l'éclectisme de son oeuvre littéraire : recueils de nouvelles, pièces de théâtre, biographies, romans. On lui reproche parfois son côté "dandy" et intellectuel, qui l'aurait conduit à préférer l'exil au combat pendant les deux guerres mondiales. On insiste plus rarement sur le génie de son écriture, sensible, introspective et troublante de lucidité.

Stefan Zweig possède le don de révéler la profondeur de l'âme humaine en quelques mots. Il offre au lecteur les clés d'un monde intérieur, subjectif et poétique mais tellement universel. On souffre à la place de cette grande bourgeoise murée dans la peur que son époux ne découvre son adultère, on tremble avec le pickpocket qui n'a d'autre choix pour survivre que de voler, on pleure le bouquiniste Mandel, si extravagant et pourtant tombé dans l'oubli, on éprouve l'injustice dont est victime le collectionneur aveugle et dépossédé de ses estampes inestimables, on effleure la folie du joueur d'échecs prisonnier de son échiquier, on ressent la vulnérabilité de ce médecin expatrié qui se réfugie sur le paquebot du retour vers l'Europe, on est embarassé par la confusion des sentiments qui agitent le jeune étudiant devant son professeur.

La fulgurance des images et des correspondances, la finesse de l'analyse des sentiments, l'épaisseur psychologique des personnages dans la plus courte de ses nouvelles, placent Stefan Zweig aux avant-postes littéraires du siècle dernier.

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